Com’Eau Labo
 

Comment questionnons-nous les rapports entre recherche et communication de la recherche ?

Pourquoi com­mu­ni­quons-nous ? A partir du moment où la cons­truc­tion de la connais­sance et sa com­mu­ni­ca­tion appa­rais­sent en étroite rela­tion, cette ques­tion ne peut que nous obli­ger à un retour cri­ti­que sur l’exer­cice de la pro­fes­sion à laquelle nous nous des­ti­nons. Postuler la rela­tion n’est cepen­dant pas la qua­li­fier d’emblée. L’un des pre­miers enjeux de Com’Eau Labo est donc de la ques­tion­ner.

Certains sou­li­gnent des écarts de logi­que entre prin­cipe scien­ti­fi­que et prin­cipe com­mu­ni­ca­tion­nel, tout en insis­tant sur leur néces­saire coha­bi­ta­tion. D’autres pro­po­sent dans cer­tains contex­tes de com­mu­ni­ca­tion (par exem­ple pour le trans­fert opé­ra­tion­nel ou la vul­ga­ri­sa­tion) de faire appel à un inter­mé­diaire, ouvrant le débat de la média­tion entre sphère scien­ti­fi­que et monde public. Pour d’autres voix encore, les deux ne doi­vent pas être conçus sépa­ré­ment au risque peut-être d’une sim­pli­fi­ca­tion et d’une perte de contenu du mes­sage lors de la trans­mis­sion. Ces dif­fé­rents posi­tion­ne­ments sont arti­cu­lés autour d’une ques­tion com­mune : envi­sa­ger la ques­tion de la com­mu­ni­ca­tion, n’est-ce pas expli­ci­te­ment inter­ro­ger la manière dont nous conçe­vons notre tra­vail de recher­che, et plus encore la fina­lité que nous lui attri­buons ?

La manière d’abor­der la com­mu­ni­ca­tion est alors varia­ble. Communiquons-nous « à » ou com­mu­ni­quons-nous « avec » ? Nous pou­vons penser la com­mu­ni­ca­tion comme un outil de trans­mis­sion d’une connais­sance cons­truite. Mais la connais­sance peut aussi être cons­truite avec a priori une fina­lité qui serait celle de sa com­mu­ni­ca­tion, inté­grant ainsi com­plè­te­ment la démar­che com­mu­ni­ca­tion­nelle au pro­ces­sus de recher­che. La com­mu­ni­ca­tion serait alors comme une force motrice du tra­vail scien­ti­fi­que. L’une des dis­tinc­tions entre recher­che dite « fon­da­men­tale » et recher­che « appli­quée » ou recher­che « action » ne se cris­tal­lise-t-elle pas par­fois dans cette dif­fé­rence d’appré­hen­sion de la ques­tion de la com­mu­ni­ca­tion ? Dans un cas nous trans­met­tons de la connais­sance afin de l’enri­chir et de ren­for­cer la « pyra­mide » des savoirs. La com­mu­ni­ca­tion peut alors avoir valeur d’acte d’enre­gis­tre­ment et c’est sou­vent le sens de la publi­ca­tion scien­ti­fi­que. Dans la pers­pec­tive de la recher­che dite « appli­quée », nous trans­met­tons de la connais­sance en vue de l’action et par la com­mu­ni­ca­tion même nous pou­vons inter­ve­nir sur l’objet d’étude. Alors que dans le pre­mier cas la com­mu­ni­ca­tion est conçue secondai­re­ment, elle semble au cœur du pro­ces­sus de recher­che dans le second. A dif­fé­rents types de recher­ches pour­raient donc répon­dre dif­fé­rents prin­ci­pes de com­mu­ni­ca­tion. Plus qu’un élément de dis­tinc­tion, la com­mu­ni­ca­tion est aussi sou­vent un moyen de faire un pont entre des pra­ti­ques de recher­che dif­fé­ren­tes.